mardi 20 juillet 2021

CHSLD de Ville Saint-Laurent, les portes des patients barrées- Les résidents vous implorent, crient pour être libéré de le COVID-19, pour leur donner leurs libertés avant leur décès, faites-vous vacciner immédiatement, pour l’amour de Dieu

CHSLD de Saint-Laurent, les portes des patients barrées- Les résidents vous implorent, crient pour être libéré de  le COVID-19, pour  leur donner leurs libertés avant leur décès, faites-vous vacciner immédiatement, Réveillez-vous pour l’amour de Dieu


TÉMOIGNAGES de résident emprisonné par le COVID-19

Des demi-postes verrouillées pendant plusieurs mois et l’impossibilité de prendre une douche pendant des semaines dans l’unité spécifique du CHSLD Saint-Laurent, à Montréal, soulèvent l’indignation de résidentes et d’employées qui se sont confiées au Devoir. 

L’établissement estime avoir eu recours à ces mesures de façon limitée à cause de la pandémie, tandis que des experts remettent en question ces pratiques.

Inquiète pour la sécurité et la santé des résidents du CHSLD Saint-Laurent, une employée a fait parvenir au Devoir des photos et des vidéos prises le 17 février dernier dans l’établissement. 

Alors que sur les trois premiers niveaux du CHSLD, la vie semble avoir doucement repris son cours ces dernières semaines, les unités du 4e et du 5e étage comptaient toujours plus d’une quinzaine de demi-porte confinant les résidents à leur chambre, un an après le début de la pandémie et plus d’un mois après avoir reçu leur premier vaccin contre la COVID-19.

Une résidente de l’unité spécifique située au 5e étage et accueillant des résidents admis pour troubles de comportement significatifs liés à un diagnostic de santé mentale s’est confiée au Devoir. 

Tout comme les autres résidentes avec qui nous nous sommes entretenues, elle a choisi de garder l’anonymat. Sa demi-porte lui a été retirée il y a deux semaines, après plusieurs mois durant lesquels elle ne pouvait voir à l’extérieur de sa chambre, de son fauteuil roulant. « C’est invivable.» 

Ça fait plus que huit mois qu’on est enfermés, confinés dans nos chambres, entre quatre murs, sans droit de visite la plupart du temps, sans accès à l’extérieur. C’est comme si on était en cage », lance la trentenaire éprouvée. « Depuis deux semaines, il y a quelques assouplissements. 

On est toujours assignés à nos chambres, excepté qu’on a le droit d’aller dîner deux fois par semaine à la cuisine. On a le bingo le vendredi pendant deux heures. Sinon, c’est la chambre toute la journée, toute la soirée, précise-t-elle. On nous dit que l’établissement suit ses consignes du gouvernement. 

On ne sait pas ce qui se passe ailleurs. Alors on n’a pas de pouvoir sur la situation », lance-t-elle en pleurs.

 Je peux bien être libre de faire ce que je veux, je ne dérange personne. Pourquoi on m’interdit ça à 76 ans ? Je vais mourir bientôt, mais je voudrais être heureuse avant de mourir.

Faite-vous vacciner pour le COVID-19 pour que leurs chaînes leur soit enlevées

Une résidente qui a demandé l'anonymat

Une autre résidente de l’étage, dans la cinquantaine, souffre de diabète sévère et instable qui nécessite un suivi serré. 

Elle s’est vu ajouter un troisième loquet à sa demi-porte alors qu’elle tentait de sortir de sa chambre pour demander de l’assistance quand elle tombait en hypoglycémie. 

« Ils me l’ont enlevé il y a un mois, mais je l’ai eu tout le long de la pandémie. J’ai un diabète très mal contrôlé.

Je fais du «up and down». Je dois sonner pour qu’une préposée vienne voir ce qu’il se passe [et prenne sa glycémie]. 

Mais il n’y a jamais personne qui vient. 

Pourtant ils sont avertis. 

Mon diabète n’est pas balancé, quand je sonne c’est qu’il est trop bas. Je sortais pour les avertir au poste des infirmières. 

Ils ne viennent pas quand je sonne, j’ai peur qu’un jour ils vont me trouver à terre », s’inquiète-t-elle.

Une septuagénaire du 5e étage a elle aussi tenu à parler confidentiellement au journal le Devoir. 

« On m’empêchait de sortir de ma chambre pendant la journée, mais depuis peu on a quelques sorties. 

Ça ne va pas bien. 

Avant, j’allais rejoindre l’équipe de nuit, on jasait, on mangeait. Mais là, ils m’empêchent de la faire. 

Si je me réveille, je reste dans ma chambre, entre quatre murs », lance la résidente en sanglotant. 

Faite-vous vacciner pour le COVID-19 pour un retour à la vie normal

« J’ai peur des fois la nuit, je crie jusqu’à ce que je m’endorme ». 

Le personnel me disait de venir faire un tour dans la salle à manger pour ensuite retourner me coucher. 

Ils étaient bien corrects avec moi. L’éducatrice m’a dit hier que je n’avais plus le droit de sortir entre 22H00 (10H00 PM) et 9H00  (9H00 AM)  

Je peux bien être libre de faire ce que je veux, je ne dérange personne. Pourquoi on m’interdit ça à 76 ans ? Je vais mourir bientôt, mais je voudrais être heureuse avant de mourir », dit-elle.

Aide de service au sein de l’établissement pendant la pandémie, Camille Ponce-Lagos confirme que cette résidente a développé une blessure aux fesses à force d’être trop assise, confinée dans sa chambre. 

« C’était devenu trop douloureux, même se lever pour aller aux toilettes », précise-t-elle. « Elle a commencé à avoir plus d’épisodes dépressifs, ce qui a forcé à donner des doses plus fortes de médication. Maintenant, elle dort toute la journée, apparemment assommée par les drogues », remarque l’ancienne employée.

Selon la Dre Jessika Roy Desruisseaux, gérontopsychiatre et professeure de médecine de l’Université de Sherbrooke, il est clair que le confinement des patients dans les unités psychiatriques a des effets néfastes autant sur leur santé mentale que physique. 

« Certains vont réagir négativement en se sentant encore plus brimés. Souvent, les gens qui sont plus agressifs, c’est parce qu’on les a restreints justement. Sinon, la plupart du temps, les patients vont réagir par une position plus dépressive, ils vont se replier sur eux-mêmes, vont moins bouger, moins manger, dormir plus le jour et donc moins la nuit. 

Liberté de vieillesse, libre de maladies

Psychologiquement, c’est comme la prison, c’est comme mettre quelqu’un au trou. C’est à peu près la même chose, mais avec une fenêtre », lance le Dr Roy Desruisseaux.

Faite-vous vacciner pour le COVID-19 pour respecter la vie d’autrui

Des demi-postes controversées

Quelques jours après que Le Devoir a informé le CIUSSS du Nord-de-l ’Île-de-Montréal des témoignages qu’il a reçus, les 15 demi-postes encore en place ont été toutes retirées. Un hasard, selon les dires de l’établissement.

« Toutes les demi-porte installées, que ce soit à Saint-Laurent ou ailleurs dans le nord de l’île le sont selon un algorithme décisionnel. Ça nous dit pour chacune la raison pour laquelle on doit appliquer cette porte-là. C’est sûr que là, c’est arrivé avec le contexte de la pandémie, parce qu’avant, ça n’existait pas en CHSLD », précise Lucien Deslauriers, coordonnateur au CHSLD Saint-Laurent du Nord-de-l ‘Île-de-Montréal.

M. Deslauriers explique que la clientèle du 5e étage est aux prises avec des problèmes de santé mentale, mais aussi des troubles de comportement souvent graves, « qui sont dangereux pour autrui ».

« Oui, il y avait le contexte de la pandémie qui disait que la personne ne respectait pas le confinement, mais encore là, c’était sous forme de 14 jours ou autre, pas des mois », lance-t-il. 

Faite-vous vacciner pour le COVID-19 pour reconquérir les libertés perdues du confinement

Contrairement aux témoignages des employés reçus par Le Devoir qui précisent que 27 portes auraient été installées au début de la pandémie à l’unité spécifique, le coordonnateur au CHSLD Saint-Laurent parle plutôt d’une quinzaine de portes. 

« Moi, je suis arrivé lors de la deuxième vague, et une patiente positive avait de nouveaux symptômes ; alors, on a poursuivi le confinement jusqu’au 26 janvier », précise M. Deslauriers à propos d’un cas isolé qui a forcé le confinement de toute l’unité pendant près d’un mois. 

« Un employé était aussi positif. Il ne fallait pas que les résidents voyagent d’une chambre à l’autre », précise-t-il.

Pour le médecin de famille de l’unité, le Dr Abdelkader Bouallegue, l’utilisation de demi-porte était justifiée dans les circonstances. « En cas de détection d’une nouvelle positivité au COVID, on ne doit contenir que les personnes faisant partie de la même bulle. Malheureusement, cette bulle ne peut être […] respectée au….. 

Il arrive en effet que ces personnes n’aient pas la possibilité d’observer les consignes et la discipline. Ils font aussi énormément d’errance et rentrent dans les chambres. À partir du moment où on est au cœur de cette pandémie, les problèmes de contact deviennent alarmants pour le personnel ici », précise le Dr Bouallegue, confiné à domicile lors de la première vague à cause de son âge.

Lors de la 1re vague de COVID-19, 123 résidents de ce CHSLD ont en effet attrapé le coronavirus, 55 d’entre eux sont morts. Lors de la 2e vague, l’établissement n’a compté qu’un seul décès. Aucun des 126 résidents n’est actuellement en attente d’un résultat de dépistage ou n’est atteint de la COVID. Ils ont d’ailleurs été vaccinés le 8 janvier dernier.

 Réaliser l’importance de faire vacciner pour le bienêtre de tous


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